Les influenceurs littéraires sont omniprésents sur les réseaux sociaux, au point qu’il existe des partenariats entre eux et les maisons d’édition. Bookstagram est la conjonction entre le terme « book » (livre en anglais) et Instagram, l’un des réseaux sociaux les plus utilisés dans le monde. Les influenceurs littéraires sont des personnes lambdas qui utilisent ce réseau social afin de parler de leurs dernières lectures. Il existe des milliers de comptes dédiés à cette pratique. Quelques-uns d’entre eux ont réussi à se forger une communauté suffisamment importante pour que les maisons d’édition s’intéressent à elle. Certains bookstagrammers et maisons d’édition ont répondu à un questionnaire dans le but de comprendre le fonctionnement de leurs échanges.
Qu’est-ce qu’un partenariat entre un bookstagrammer et les maisons d’édition ?
Pour 89,5 % des personnes ayant répondu au questionnaire, leur activité sur les réseaux sociaux est un passe-temps. Quelques-uns d’entre-eux en ont fait leur métier à temps plein ou à temps partiel. Lorsqu’un influenceur littéraire a réussi à prouver sa légitimité sur Instagram, les maisons d’édition peuvent s’intéresser à son profil afin de lui envoyer gratuitement certaines de leurs futures parutions pour qu’il en parle ensuite sur ces réseaux sociaux.
Les métiers de la communication ont beaucoup évolué ces dernières années, notamment à cause des réseaux sociaux. Les métiers du livre ne dérogent pas à cette règle. Il existe 2 types de partenariats distincts :
- Le plus répandu est l’envoi de services de presse, gratuitement, sans rémunération, en échange d’une mise en avant du livre sur les réseaux sociaux.
- Le second concerne moins d’influenceurs littéraires puisqu’il prend la forme d’un véritable contrat, et d’une commande que la maison d’édition passe à l’influenceur.
Un lien étroit et fragile, les partenariats entre influenceurs littéraires et maisons d’édition
« Ces partenariats permettent d’avoir une autre voix qui présente et met en valeur nos ouvrages, ce qui complète notre propre communication. Être présent auprès d’une communauté d’influenceurs nous permet aussi d’être identifié et d’être reconnu parmi toutes les chroniques qui existent. »
Les maisons d’édition choisissent leurs partenaires selon plusieurs critères, mais le principal, c’est le nombre d’abonnés. Une publication Instagram publiée par un influenceur ayant une importante visibilité est bénéfique pour les maisons d’édition. Cependant, nous retrouvons également d’autres critères. Les goûts littéraires doivent correspondre à la ligne éditoriale de la maison d’édition, la pertinence des chroniques sur les livres, l’esthétisme du compte, etc. À l’unanimité, du côté des maisons d’édition, ces échanges sont positifs. Ils leur apportent de la visibilité, ce qui est essentiel pour elles lorsque l’on connaît la surproduction éditoriale française. Les influenceurs littéraires savent qu’ils sont une vitrine pour les maisons d’édition, bien qu’ils ne soient pas rémunérés dans la plupart des cas.
« Nous sommes des vitrines pour les ME et elles ont du budget pour envoyer les services presse aux influenceurs. La frontière est mince entre plaisir et travail dans ce contexte, mais si les choses sont clairement énoncées dès le début, alors il ne doit pas y avoir de malentendu. »
Des limites à ne pas dépasser, l’abus de certaines maisons d’édition dans ces partenariats
Un Hashtag a vu le jour sur twitter. Les influenceurs souhaitent une rémunération lors de partenariats. Cela est mis en avant lorsque les conditions imposées par les maisons d’édition sont trop nombreuses et contraignantes. L’envoi d’un livre gratuit en échange d’une mise en avant, sans rémunération, n’est majoritairement pas dérangeant pour les influenceurs. En l’absence d’échange encadré, chaque maison d’édition est libre de poser ses conditions. Cela peut concerner le temps imparti que le partenaire a pour poster son avis sur le livre par exemple.
« Beaucoup de maison d’édition estiment que l’envoi d’un livre implique obligatoirement une chronique dans des délais très courts, ou d’autres conditions imposées qui sont compliquées à mettre en place. »
Bien que l’envoi d’un livre gratuit est intéressant pour l’influenceur, la non-rémunération peut encore poser problème. Bien qu’ils ne soient pas salariés pour la maison d’édition, ils participent activement à la communication. La plupart d’entre eux ont un travail, des études, et leur activité sur les réseaux sociaux est une passion.
L’arrivée des influenceurs dans le monde du livre a de bons côtés, notamment l’ouverture de la lecture aux plus jeunes. En soi, beaucoup de points positifs sont à tirer de cette nouvelle forme de communication, mais le respect, d’une entreprise qu’est une maison d’édition, envers des influenceurs littéraires, qui sont des particuliers, puisqu’ils ne sont pas sous contrat avec eux, est essentiel à démocratiser pour certaines d’entre elles.
Romane Perret – Master 2 Métiers du Livre 2022-2023
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